Le 28 mars dernier s’est tenu un temps de rencontre entre les volontaires engagés à Ambérieu-en-Bugey et deux professionnels spécialistes de l’emploi dans le département de l’Ain.
Grâce à l’investissement de deux chargés de mission, Pierre Capiaux du MEDEF de l’Ain et Mathieu Robin de la Communauté de Communes de la Plaine de l’Ain, les volontaires ont plongé dans le bassin d’emploi local, à la source d’informations primordiales pour leur insertion sociale.
Au programme de la matinée :
- Présentation de l’état de l’emploi dans le département
- Présentation des pré-requis employeurs
- Échanges en entretien individuel d’une vingtaine de minutes afin de permettre aux volontaires intéressés de postuler sur des formations diplômantes en alternance sur des métiers ciblés.
Retour sur ce temps d’échanges avec Pierre Capiaux et Mathieu Robin :
- Pour quelle(s) raison(s) avez-vous accepté de prendre part à ce temps de rencontre et d’appui professionnel auprès des volontaires ?
Mathieu Robin : « La situation de l’emploi est très tendue sur notre territoire du fait d’un taux de chômage relativement bas. Les entreprises ont de plus en plus de mal pour recruter. Elles sont prêtes à former s’il y a des candidats motivés ayant les savoir-être nécessaires. Le problème est qu’il n’y a que très peu de candidats car les habitants du territoire, notamment les jeunes ont une méconnaissance du bassin d’emploi, de sa réalité et de ses opportunités. Permettre aux volontaires en Service Civique de connaître l’environnement de l’emploi est un atout pour leur insertion professionnelle et cela permet de travailler sur les difficultés de recrutement des entreprises. »
Pierre Capiaux : » J’anime une action locale qui a pour vocation de rapprocher demandeurs d’emploi et entreprises. Dans nos échanges avec les dirigeants et responsables de ressources humaines, nous constatons souvent une grande méconnaissance des métiers et du monde du travail en général chez les jeunes (et les moins jeunes d’ailleurs !). C’est la raison pour laquelle j’ai accepté d’intervenir auprès de ces jeunes en Service Civique. L’objectif était bien de leur permettre de nourrir une réflexion sur les débouchés et les possibilités locales d’orientation professionnelle. On le sait, dans la majorité des cas, les publics jeunes les plus éloignés de l’emploi, les moins diplômés, et qui ont nécessairement besoin d’un accompagnement sont aussi les moins mobiles. »
- Quel ressenti conservez-vous de la rencontre avec des volontaires engagés en Service Civique et la découverte de leurs profils et projets d’avenir ?
Pierre Capiaux : » Je retiendrai deux choses : la grande diversité des profils et des parcours de ces jeunes et leur capacité à se conseiller entre eux. Parfois les mots de l’adulte ou de l’expert ne sont pas ceux qui marquent le plus les esprits…Parfois, ce sont quand les jeunes parlent aux jeunes que les messages sont les plus clairs.«
Mathieu Robin : « Même si chaque profil était unique, avec ses potentiels et ses difficultés, j’ai noté beaucoup d’envie, de curiosité et d’intérêt. La majorité avait réussi à se positionner sur un projet clair, en déterminant les conditions pour réussir. D’autres avaient besoins de conseils bienveillants et de retours concrets sur leurs différentes idées, pour pouvoir se positionner plus facilement. »
- Quels conseils et regard professionnel avez-vous pu apporter aux volontaires que vous avez rencontrés ?
Mathieu Robin : « On a rappelé des principes de base mais terriblement vrais : l’importance de la première impression, de la présentation, des savoir-être. A mes yeux, le plus important est d’avoir pu leur ouvrir l’esprit sur des possibilités qu’ils ignoraient. Qu’ils les choisissent ou non est une autre histoire. Au moins ils auront eu toutes les cartes en main. De plus, on a pu relayer les attentes de chefs d’entreprise afin que les jeunes soient en phase avec le marché de l’emploi. »
Pierre Capiaux : « La plupart des jeunes rencontrés avaient visiblement besoin de reprendre confiance et de reprendre pied avant de penser à leur avenir professionnel. Tous avaient des projets, mais restant à affiner. Dans la plupart des cas, il existe un écart entre la perception d’un métier et les efforts à consentir pour y arriver. Nous avons pu leur apporter un avis sur la faisabilité de leur projet, même si aucune porte ne se referme jamais vraiment. (…) Avec l’expérience du monde du travail, un professionnel averti, même parmi les moins qualifiés, sait prendre en compte le développement du réseau comme facteur clé de réussite. Nous avons donc essayé d’apporter un peu du concret : un nom d’école, une piste, un contact pour leur permettre de faire rebondir leurs questions auprès du bon interlocuteur.«
- Plus largement, comment percevez-vous la qualification du Service Civique comme tremplin vers le milieu professionnel ?
Pierre Capiaux : « Aujourd’hui, l’entreprise ne peut pas tout faire. Pour former un jeune en entreprise, il faut quelques pré-requis indispensables : le « lire, écrire, compter » et surtout le fameux « savoir-être ». Le savoir-être, c’est précisément ce qui est travaillé dans le cadre du Service Civique. Pour l’entreprise, ce travail préalable est donc précieux pour pérenniser les collaborations de demain.«
Mathieu Robin : « Le Service Civique permet de développer plusieurs compétences et savoir-être essentiels pour l’insertion professionnelle sur notre territoire :
– La fidélité dans un engagement sur un temps long, même lorsque ce n’est pas simple ou moins « fun » par moment
– Le respect des horaires, la présentation, le travail en équipe, l’aisance orale, le relationnel
– S’engager sur une thématique qui n’était pas notre cœur de cible, apprendre à apprendre, s’apercevoir qu’on est capable d’aller dans une autre voie (orientation, réorientation) »